Chapitre 1 : La mode à la dérive, l'histoire [1/2]

      

Revenons sur un constat que l’on commence à beaucoup entendre, « l’industrie de la mode et du textile est l’une des plus polluantes aujourd’hui ». Mais comment en sommes-nous arrivés jusque-là ? Pour commencer à décortiquer les pétales de ce thème, nous vous proposons un voyage historique pour retracer les prémices des secousses actuelles.

La révolution des vêtements non-sur-mesure (Le sur-mesure devient has-been)


C’est avec la naissance des grands magasins au XIXème siècle que l’idée de s’habiller avec des vêtements déjà réalisés apparaît. Mais entre cette époque et nous, beaucoup de choses ont changé. Au début du XXème siècle, les couturières de quartier dominent encore la fourniture de vêtements réalisées alors sur mesure et par définition en quantité raisonnable. C’est durant la Première Guerre mondiale que les tailles commencent à être standardisées pour répondre au besoin d’habiller les soldats le plus rapidement possible. C’est dans le courant des années 50, que le prêt à porter révolutionne la façon d’habiller les gens. Les vêtements commencent à être produits à la chaîne, les quantités de production augmentent, les fabriquant font des économies d’échelle (plus on produit d’unités moins le coût de production d’une unité est élevé) et comme ça les prix des vêtements baissent… C’est une véritable révolution dans le monde des vêtements qui va bousculer à la fois les habitudes des fabricants et de la clientèle.

atelier de confection français des années 50

La fast-fashion à la dérive

Cependant, le développement rapide de ce mode de confection nous fait dériver vers la fast fashion qui émerge au cours des années 90. On passe des 2 collections historiques par près de 34 par an pour certaines marques.

Du point de vue environnemental, cette surproduction demande beaucoup d’attention, qu’elle ne reçoit pas. Pour ne prendre qu’un exemple, le volume de la production textile a doublé entre 2000 et 2014. Et depuis les dernières années le phénomène de décharge sauvage dans des lieux naturels se voit se multiplier, car le monde est submergé par la gestion de l’arrivée d’autant de déchets. Ce phénomène n’est pourtant pas le seul à rendre l’industrie de la mode polluante, en décortiquant la chaîne de production conventionnelle d’un vêtement aujourd’hui, on comprend vite qu’une quantité telle de créations se fait sans souci du bien être environnemental.

Parallèlement, du point du vue social, le phénomène de délocalisation de la main d’œuvre qui s’est opéré à partir des 70’s, donne lieu à de chaînes de productions dispersées aux quatre coins du monde. Cela a pour effet de créer une grande distance entre les petites mains des ateliers et les studios des marques souvent localisés entre l’Europe et l’Amérique du Nord, qui ne peuvent pas s’assurer des conditions de travail des couturièr.e.s. Aujourd’hui, l’effondrement du Rana Plaza (immeuble abritant plusieurs ateliers de confection de marques de fast fashion) qui a eu lieu en 2013, a poussé de nombreux acteurices du milieu de la mode à se remettre en question sur les conditions de travail dans les ateliers avec lesquels iels travaillent.

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